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jeudi 10 mai 2018

Le plus important, c'est d'assurer ses clichés


Ça y est : changement d'ile, changement de monde limite. En toute exagération. Bon, il y a quand même des différences. Quand tu roules, il y a toujours quelque chose à regarder mais ce n'est pas la route... C'en est presque frustrant en voiture mais très appréciable en bus.
Mais je suis pas là pour les vacances. Enfin pas tout de suite. Ma première mission, c'est de renflouer mon compte en banque avec toutes les dépenses qui s'annoncent.
Je pose donc mon sac à Leeway's, l'une des nombreuses auberges de Blenheim,
Et Blenheim donc est un peu comme Te Puke : une ville de backpackers mais entouré de vignes cette fois. Le pinard est le centre des choses. Ici 45 hectares de vignes, c'est petit comme exploitation. Mais finis les champs en ce qui me concerne. En tout cas sur le long terme.
Sur le court terme, le manager de l'auberge me trouvent deux journées de boulot (arrivée dimanche et début le mardi : efficacité toujours) : la première dans les oignons et la seconde dans les fraises. Plantage (d'oignons) et découpage (de feuilles de fraisiers) dans les faits. C'est sympa, les patrons sont cools mais c'est ponctuel.
Et le jeudi, jour de repos. Je croyais. En fait, l'une des usines de Blenheim a besoin d'aide. Pour deux jours, il parait. On en reparlera après trois mois, une semaine et deux jours.
Et là, c'est le moment où j'ai accompli ma vie, mon cliché, mon œuvre de backpackeuse. 
Le boulot de serveuse, c'est fait. 
Le boulot en cuisine-plonge, c'est fait.
Le boulot en fruit picking, c'est fait. Dans les kiwis pour assurer le coté Nouvelle-Zélande. 
Le boulot en usine, c'est donc fait.
Dans le pinard qui plus est. C'est fait, je peux repartir tranquille.

Parce que oui, je me retrouve intérimaire à Wineworks qui embouteille du vin. Autant dire que j'en voit passer du vin local. Beaucoup de Sauvignon Blanc en ce qui nous concerne. Et des missions variées.
La première, c'est avec Emma au quality check. La mission la plus sympathique à décrire : j'ai vidé des bouteilles de vins toute la journée. De 9 heures à 17 heures puis à partir de 7 heures. Dans une citerne et pas dans mon gosier, je précise. Et puis, il y a deux trois autres choses à faire : coller et décoller des étiquettes, vérifier des caisses et ainsi de suite. Du boulot d'usine en somme. Avec Emma donc, une chouette Anglaise super gentille, et deux Français... du Maine-et-Loire. Le monde est petit mais sympa. Surtout quand il y en a pour partager des références Kaamelott et Naheulbeuk, ça fait bien passer le temps.
Et pour la suite ? Direction, les production lines. Ça envoie moins de paillettes (de colle). Deux semaines en ligne 1 avec le même produit. Ce qui veut dire pas de pauses pour un changement plus ou moins long. Et là, on passe aux choses sérieuses niveau horaires : c'est du five to five. De cinq heures du matin à cinq heures du soir, sauf le lundi. Et j'ai mes week-ends. Quand à la mission : plier des cartons, mettre des séparateurs puis des bouteilles. Une question de rythme en somme.

Et après ces deux semaines, il est temps de rejoindre ma ligne chérie (pas encore à ce moment là) : la ligne 4. Toujours des dividers mais plus de bouteilles ou de cartons. C'est fait par des machines. De fait, on est plus que deux. Geanina (super-collègue), je la remercierais jamais assez. La ligne 4, ça va très vite donc elle a supporté mes pics de stress et a joyeusement rigole en me voyant balancer mes dividers (il y en a des pas bons). Et puis, c'est aussi rencontre les permanents qui bossent dessus : Nadine, Ramon, Kadin et Shanon. On peut rire et ça vaut mieux vu le boulot.
Parce que c'est 10 à 12 heures par jours d'un truc qu'on pourrait qualifier de "répétitif" sans trop exagérer. Bienvenue dans mon monde : celui où tu te répètes "c'est pour rembourser Alicia, payer mon nouvelle appareil photo, mes vacances en Nouvelle-Zélande et en Asie" et manger, c'est sympa aussi, cela dit.
 Et c'est un monde avec des ear plugs (bouchons d’oreilles), ce qui veut dire que les casseroles faiseuses de pluie dans mon genre peuvent assurer leur performance. Et donc, voici ma playlist de boulot :
Des que le vent soufflera, Hexagone, La Ballade Nord-Irlandaise (Renaud), Là Haut sur la colline, Où je vais, Tu parles trop (La Rue Ketanou), L'air du vent, Ce Rêve Bleu, Comme un homme (Disney)... Passage en boucle et travail de mémoire. Et puis, c'est aussi des moments à se dire "dans deux heures, c'est Guillaume Meurice, le Journal de Presque 17h17..."
Bon, après, c'est aussi expliqué pourquoi tu pouffes de rire comme une dinde et devoir affirmer que, oui, il y a encore des royalistes en France. Les deux Allemandes qui partageaient ma chambre en étaient très surprises.
J'avoue que, dans les explications à donner, mon cœur balance entre Fillon qui a voté contre Being Gay is Okay (et je ne sais toujours pas dire dépénalisation de l’homosexualité en Anglais) ou il y a des Royalistes entre France (et des gens qui ont voté Marine Le Pen... et Macron aussi d'ailleurs... des le premier tour). Bref.
Oui, quand tu bosses mécaniquement entre 10 et 12 heures par jour, il y a aussi du temps pour cogiter. Et, à la fin, il est temps de partir en vacances. Parce que bosser comme ça, c'est toujours plus supportable quand tu sais que c'est pour un temps limite... et que tes factures à payer sont assez basses. En fait, quand tu ne subis pas ton boulot plus qu'autre chose.
Et donc, comme backpackeuse qui peut se barrer et se faire virer à tout moment (ça marche dans les deux sens) : direction le Sud de l'Ile du Sud !

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