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mardi 15 mai 2018

De bonnes chaussures de marches surtout (conseil de mon ostheo)

Direction le Sud de l'Ile du Sud dans les Fiordland. C'est beau, c'est vert, c'est magnifique et un sacré défi. Double vu que mon disque dur m'a lâchement abandonné (à mon retour) donc pas de photos (pour le moment en tout cas, croisons les doigts et gagnons de l'argent). Pour ma tranquillité d'esprit, on va dire que c'est l'univers qui me pousse à mieux comprendre Zola et Tolkien. Oui, c'est description au programme mais avec des anecdotes et le fruit de mes réflexions (quatre jours en solo avec mon sac... et Nolli, l'oreiller-papillon).

Au premier jour, tout commença tranquillement. Direction Te Anau Downs pour prendre un bateau nous amenant (quarante personnes, pas une de plus) à l’entrée du sentier. Au passage, sur l'eau foncée et pas translucide mais magnifique, c'est des montagnes enneigées (on est que fin octobre, hein) et des forêts qui semblent inexplorées. On passe tout près d'ilots qui, il y a bien longtemps, étaient de vrais réserves de greenstones (une sorte de jade kiwi). Aujourd'hui, c'est une vrai galère : on ne peut plus s'en approcher parce qu'elles disparaissent à cause des humains. Surexploiter, cette (fausse) bonne idée. C'est fou, hein, on revient toujours à cette conclusion.
Mais on avance, on nous raconte et on arrive. La forêt n'a plus l'air si vierge et les arbres ressemblent plus à des arbustes encadrant un sentier bien tracé. Après une bonne demi-heure sur l'eau, il s'agit de marcher une heure et demi sur terre. C'est plat et on ne peut pas dire que ça envoie tant de paillettes que ça. Par contre, niveau sandflies, il y a ce qu'il faut.
Petit point sandflies : littéralement, c'est "mouches des sables"... vraiment, c'est moustique sur-puissant qui répond toujours présent près des points d'eau mais il ne faut pas qu'elle soit trop froide. Comment le sait-on ? Eh bien, à chaque hutte (un bâtiment avec des lits superposés, une cuisine et des toilettes), il y a un accès à l'eau. Mais on est en Octobre (à la fin du printemps pour ceux qui vivent dans l’hémisphère Sud et à une distance peut-être pas si raisonnable que ça du Pole Sud) et autant dire qu'aller piquer une tête, c'est trop bon mais c'est aussi se sentir en mesure de dire "I'm a Viking, bordel !" Et les sandflies te laissent tranquille jusqu'à ce que tu retrouves une température corporelle décente.
J’exagère à peine
 Sur ce, première nuit dans les Fiordland. Le Ranger de la hutte nous explique quand même quelques trucs autour des plantes surtout. Ils ont des feuilles qui font office de poivre, d'autres très efficaces contre nos ennemies les sandflies et d'autres qui sont des super poison donc faites pas les cons. Merci, bonne nuit, merci... après un saut pour voir quelques gloworms et admirer le ciel. 

[L'anecdote du jour]
Les Fiordland font partie de réserves naturelle assez tardives vu que certaines espèces n'y sont plus présentes depuis le début du XXe siècle. Depuis, ils font des efforts et on peut y voir des kiwis-oiseaux. Et aussi des Kae. Une autre espèce d'oiseau connu pour ses compétences en chapardage de chaussures. Mais que quand elles sont au sol (donc il faut les laissez sur des porte-manteaux devenus portes-chaussures). C'est so disruptive comme oiseau...
[C’était l'anecdote du jour]

Le lendemain, c'est réveil très tôt et départ aussi. Environ six heures de marche, toujours sur du plutôt plat et le long de la rivière au rythme des bzz de sandflies. Mais on entre dans le vif du sujet. Être dans cette partie des Fiordland, c'est être au milieu de montagnes très boisées et enneigées. C'est un millions de nuances de vert. C'est descriptible comme "Oh mais Alicia, elle va trop adorer ça." Et ça aiderait si tous les gens qui liront cet article connaissait sa passion pour les nuances de verts. J'avoue, c'est pas la seule et la Nouvelle-Zélande donne de quoi admirer dans ce domaine. C'est donc six heures à se dire que tout le pays devait se rapprocher de ça quelques siècles plus tôt et qu'on en est rendus à se plier en quatre pour préserver ce qu'on en a laissé. On en est à admirer un truc normal et même vital. Et oui, j'inclus les sandflies dans le lot. Car si je dis "putain de sandflies", nul doute qu'elles répondront gaiement "d'une, il n'a jamais été question d'argent entre nous (les sandflies sont des Gaël) et de deux, on a le droit de bouffer à notre faim. Les céréales de ta barre ont aussi été extraites de sous une peau." Noter ainsi l'argumentaire de poids des-dites bestioles.
C'est à peu près l'effet que ça fait
 Au final, j'ignore qui de nous étaient prêtes à fredonner Ne Me Quitte Pas parce qu'on finit toujours par se retrouver. Nouveau lac, nouvelle hutte, nouveau point "I'm a Viking, bordel" mais là, beaucoup plus du à la transpiration de la journée. Repas, dodo et augmentation de la compétence plier un duvet.

[L'anecdote du jour]
Forcement à penser à Alicia, c'est aussi la période où j'ai trouvée à qui je l'associais. Alicia, c'est la version in real life de Malken, l’héroïne de Balafrée de Michel Robert. Et c'est à la fois hyper cool et hyper chelou. Parce que imaginer ta pote défoncer des Sargoths ou des Trolkhs, ça va. Imaginer ta pote découvrir la bière et le vin, ça va. Mais il y a des parties du bouquin où ça le fait pas du tout.
[C’était l'anecdote du jour] 

Et jour trois. Ce sont les choses sérieuses. La version Une journée en Enfer mais en fait ça va. C'est juste que ça monte et que ça descend. Pour des montagnes, c'est étonnant quand même. Mais donc on monte, on monte vers McKinnon Pass. Un sommet qui offre une vue imprenable sur les montagnes environnantes. Neiges et arbres par milliers. Quelques bébés lacs et des plaines à couper le souffle. J'en viens à me dire que l'origine de cette expression, ça vient de la montée qui précède la beauté. Bienvenue dans le Rohan quelque part. Ça n'a pas été tourné là mais ça y ressemble.

Toujours est-il qu'il s'agit du troisième jour et qu'on a eu droit à un Soleil éclatant. C'est plutôt rare (c'est même précisé dans la troisième hutte) d'ailleurs. Mais autant dire que ça facilite la descente qu'on a à faire par une emergency track pour cause de risque d'avalanche sur la main track. Les rochers, ça glisse alors j'imagine même pas la galère que ça doit être quand il pleut. Il n’empêche que Karadok avait raison : "le gras, c'est la vie" et ça amortit ! Un peu mais c'est toujours ça. Et donc arrivée à la hutte avec mes deux jambes en parfait état de marche (ma cheville gauche désapprouve ce message et évoque un machiavélique "la vengeance est un plat qui se cuisine à Kuala Lumpur" #spoileralert).  
En attendant, après avoir largué mon sac comme les treize kilos qui me pèsent sur le dos qu'il est, je fonce au point d'eau. "I'm a Viking, bordel mais que jusqu'aux hanches parce que là, ça caille vraiment." En tout cas, l'endroit est splendide. Encore un lac mais avec des arbres type saule pleureur et toujours une ouverture sur les montagnes. C'est surement l'endroit le plus apaisant que je connaisse.
[L'anecdote du jour]
A la question peut-on se passer de douche pendant quatre jours ? je tiens à rappeler que bah oui. Dans ce cas, ça s'y prête parce que marcher dans la nature n'inclut pas que tu sentes des parfums chimiques. Et aussi que la cohabitation entre tes produits cosmétiques (aussi naturels et biologiques soit-ils) et les organismes qui vivent dans le coin risquent de très mal finir. C'est souvent ceux qui vivent leur vie peinard qui disparaissent quand d'autres arrivent à grands renforts de produits divers et variés.
Dans tout les cas, il est formellement interdit d'utiliser des produits cosmétiques à moins de 50 mètres d'un point d'eau naturel.      
[C’était l'anecdote du jour]

Et le jour 4 arriva. C'est l’étape finale sous une pluie battante. Dans les films, c'est le moment romantique où les héros s'embrassent langoureusement et c'est super sensuel et tout. En vrai, ça dégouline de partout et ça détrempe tout assez vite. Autant dire que l'investissement dans les poches étanches devient le meilleur achat de ta vie. On marche, on marche sous la pluie pour admirer les lacs et les cascades qui se forment le long des montagnes. Aurais-je déjà utilisé le mot splendide ? Il y a de quoi en fait. Le Soleil, c'est bien mais la pluie, c'est des dizaines de cascades en plus, tout autour de soi. Mais c'est déjà sandfly point, l'endroit d’où le bateau nous ramènent sur un autre bout de terre ferme : les Milford Sound. Des montagnes à bout arrondis autour des lacs en fait. Même la fatigue ne gâchent rien. L'autre bonne nouvelle, c'est apprendre que le backpack réservé vient te chercher by curtesy. En traduction, c'est trop bien et c'est gratuit. Et j'avoue que la douche chaude fait un bien fou !
Effet après quatre jours dans les Fiordland

jeudi 10 mai 2018

Le plus important, c'est d'assurer ses clichés


Ça y est : changement d'ile, changement de monde limite. En toute exagération. Bon, il y a quand même des différences. Quand tu roules, il y a toujours quelque chose à regarder mais ce n'est pas la route... C'en est presque frustrant en voiture mais très appréciable en bus.
Mais je suis pas là pour les vacances. Enfin pas tout de suite. Ma première mission, c'est de renflouer mon compte en banque avec toutes les dépenses qui s'annoncent.
Je pose donc mon sac à Leeway's, l'une des nombreuses auberges de Blenheim,
Et Blenheim donc est un peu comme Te Puke : une ville de backpackers mais entouré de vignes cette fois. Le pinard est le centre des choses. Ici 45 hectares de vignes, c'est petit comme exploitation. Mais finis les champs en ce qui me concerne. En tout cas sur le long terme.
Sur le court terme, le manager de l'auberge me trouvent deux journées de boulot (arrivée dimanche et début le mardi : efficacité toujours) : la première dans les oignons et la seconde dans les fraises. Plantage (d'oignons) et découpage (de feuilles de fraisiers) dans les faits. C'est sympa, les patrons sont cools mais c'est ponctuel.
Et le jeudi, jour de repos. Je croyais. En fait, l'une des usines de Blenheim a besoin d'aide. Pour deux jours, il parait. On en reparlera après trois mois, une semaine et deux jours.
Et là, c'est le moment où j'ai accompli ma vie, mon cliché, mon œuvre de backpackeuse. 
Le boulot de serveuse, c'est fait. 
Le boulot en cuisine-plonge, c'est fait.
Le boulot en fruit picking, c'est fait. Dans les kiwis pour assurer le coté Nouvelle-Zélande. 
Le boulot en usine, c'est donc fait.
Dans le pinard qui plus est. C'est fait, je peux repartir tranquille.

Parce que oui, je me retrouve intérimaire à Wineworks qui embouteille du vin. Autant dire que j'en voit passer du vin local. Beaucoup de Sauvignon Blanc en ce qui nous concerne. Et des missions variées.
La première, c'est avec Emma au quality check. La mission la plus sympathique à décrire : j'ai vidé des bouteilles de vins toute la journée. De 9 heures à 17 heures puis à partir de 7 heures. Dans une citerne et pas dans mon gosier, je précise. Et puis, il y a deux trois autres choses à faire : coller et décoller des étiquettes, vérifier des caisses et ainsi de suite. Du boulot d'usine en somme. Avec Emma donc, une chouette Anglaise super gentille, et deux Français... du Maine-et-Loire. Le monde est petit mais sympa. Surtout quand il y en a pour partager des références Kaamelott et Naheulbeuk, ça fait bien passer le temps.
Et pour la suite ? Direction, les production lines. Ça envoie moins de paillettes (de colle). Deux semaines en ligne 1 avec le même produit. Ce qui veut dire pas de pauses pour un changement plus ou moins long. Et là, on passe aux choses sérieuses niveau horaires : c'est du five to five. De cinq heures du matin à cinq heures du soir, sauf le lundi. Et j'ai mes week-ends. Quand à la mission : plier des cartons, mettre des séparateurs puis des bouteilles. Une question de rythme en somme.

Et après ces deux semaines, il est temps de rejoindre ma ligne chérie (pas encore à ce moment là) : la ligne 4. Toujours des dividers mais plus de bouteilles ou de cartons. C'est fait par des machines. De fait, on est plus que deux. Geanina (super-collègue), je la remercierais jamais assez. La ligne 4, ça va très vite donc elle a supporté mes pics de stress et a joyeusement rigole en me voyant balancer mes dividers (il y en a des pas bons). Et puis, c'est aussi rencontre les permanents qui bossent dessus : Nadine, Ramon, Kadin et Shanon. On peut rire et ça vaut mieux vu le boulot.
Parce que c'est 10 à 12 heures par jours d'un truc qu'on pourrait qualifier de "répétitif" sans trop exagérer. Bienvenue dans mon monde : celui où tu te répètes "c'est pour rembourser Alicia, payer mon nouvelle appareil photo, mes vacances en Nouvelle-Zélande et en Asie" et manger, c'est sympa aussi, cela dit.
 Et c'est un monde avec des ear plugs (bouchons d’oreilles), ce qui veut dire que les casseroles faiseuses de pluie dans mon genre peuvent assurer leur performance. Et donc, voici ma playlist de boulot :
Des que le vent soufflera, Hexagone, La Ballade Nord-Irlandaise (Renaud), Là Haut sur la colline, Où je vais, Tu parles trop (La Rue Ketanou), L'air du vent, Ce Rêve Bleu, Comme un homme (Disney)... Passage en boucle et travail de mémoire. Et puis, c'est aussi des moments à se dire "dans deux heures, c'est Guillaume Meurice, le Journal de Presque 17h17..."
Bon, après, c'est aussi expliqué pourquoi tu pouffes de rire comme une dinde et devoir affirmer que, oui, il y a encore des royalistes en France. Les deux Allemandes qui partageaient ma chambre en étaient très surprises.
J'avoue que, dans les explications à donner, mon cœur balance entre Fillon qui a voté contre Being Gay is Okay (et je ne sais toujours pas dire dépénalisation de l’homosexualité en Anglais) ou il y a des Royalistes entre France (et des gens qui ont voté Marine Le Pen... et Macron aussi d'ailleurs... des le premier tour). Bref.
Oui, quand tu bosses mécaniquement entre 10 et 12 heures par jour, il y a aussi du temps pour cogiter. Et, à la fin, il est temps de partir en vacances. Parce que bosser comme ça, c'est toujours plus supportable quand tu sais que c'est pour un temps limite... et que tes factures à payer sont assez basses. En fait, quand tu ne subis pas ton boulot plus qu'autre chose.
Et donc, comme backpackeuse qui peut se barrer et se faire virer à tout moment (ça marche dans les deux sens) : direction le Sud de l'Ile du Sud !